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L'obéissance est-elle une vertu ?

  • Photo du rédacteur: Jérôme Lecoq
    Jérôme Lecoq
  • 16 mai
  • 5 min de lecture



Ce dialogue est une auto-consultation c'est-à-dire que c'est moi qui fais les questions et les réponses. Cela suit le même principe qu'une consultation philosophique à deux et oblige à se "couper en deux" afin de se voir comme une autre personne. Cela permet de se voir penser tout en traitant une question. Ainsi on peut repérer ses erreurs de logique, ses présupposés, ses croyances, ses "angles mort" de la pensée. Vous êtes invité(e) à critiquer vous-même ce dialogue si vous percevez problèmes quelconques.


Vous pouvez également m'envoyer vos questions que je traiterai comme dialogue ou m'envoyer vos propres autoconsultations que je commenterai. Alors à vos stylos cher(e)s lecteurs et lectrices.


L’obéissance est-elle une vertu ?

- Non l’obéissance n’est pas une vertu, c’est un calcul

- C’est-à-dire ?

- Vous obéissez parce que cela sert vos intérêts du moment

- Par exemple ?

- J’obéis au code de la route parce que je n’ai pas envie d’avoir une amende ni de créer un accident

- Quel est ton intérêt dans ce cas ?

- En fait ce n’est pas de l’intérêt c’est de la peur de la sanction

- Donc en fait tu obéis à la loi principalement par peur de la sanction

- Oui c’est cela

- Mais agir par peur peut-on appeler cela une vertu ?

- Non

- Donc qu’est l’obéissance dans ce cas ?

- C’est un moyen d’éviter une punition, une sanction

- Mais malgré tout pourrais-tu imaginer un cas où obéir soit une vertu ?

- Obéir à ses parents quand on est un enfant est une vertu

- Pourquoi ?

- Parce que cela apprend à faire confiance

- Donc obéir apprend à faire confiance ?

- Oui

- Peut-on obéir sans faire confiance ?

- Non

- Et faire confiance est une vertu ?

- Oui

- Pourquoi ?

- Parce que cela stimule ce qu’il y a de bon chez autrui ?

- Pourquoi ?

- Parce que si vous lui donnez votre confiance a priori elle aura tendance à vouloir vous remercier de cette marque de respect en continuant à mériter cette confiance

- Et si on s’obéit cela apprend la confiance en soi ?

- Oui.

- Est-ce que la confiance précède l’obéissance ou c’est l’obéissance qui précède la confiance ?

- Non la confiance précède l’obéissance

- Mais dans ce cas l’obéissance ne peut pas nous enseigner la confiance puisqu’elle est déjà là

- Oui c’est vrai….

- Donc en quoi obéir à ses parents serait une vertu ?

- Parce que nos parents savent ce qui est bon pour nous

- Et alors ?

- Et alors si on leur obéit on fait notre bien

- Et faire notre bien est une vertu ?

- Oui

- Est-ce une vertu ou un intérêt ?

- C’est plutôt un intérêt

- Donc l’enfant qui obéit à ses parents n’est pas vertueux, il est intéressé

- Non parce qu’il ne sait pas que c’est dans son intérêt

- Alors pourquoi obéit-il ?

- Parce qu’il leur fait confiance

- Pour faire quoi ?

- Pour agir pour son bien

- Donc il sait bien que c’est dans son intérêt ?

- Oui

- Donc l’enfant qui obéit n’est pas vertueux mais intéressé ?

- Oui

- Peut-on trouver un cas où obéir serait une vertu ?

- Obéir à une loi morale par exemple

- A quelle loi penses-tu ?

- « Ne fais pas à autrui ce que tu n’aimerais pas qu’on te fasse »

- En quoi serait-ce une vertu d’y obéir ?

- Si on la suit on ne fera a priori jamais de mal aux autres

- Mais « ne pas faire de mal aux autres » est-ce une vertu ?

- Oui je crois

- Comment nommes-tu quelqu’un qui possède cette vertu ?

- Quelqu’un de bienveillant

- Donc la bienveillance est une vertu ?

- Oui

- Mais se pourrait-il qu’obéir à cette loi morale ne soit pas une vertu ?

- Oui

- Dans quel cas par exemple ?

- Et bien imaginons le cas de quelqu’un qui n’aime pas qu’on lui pose des questions parce que cela l’oblige à réfléchir et qu’il n’aime pas cela. Du coup s’il suit cette loi il ne questionnera pas les gens non plus

- Et alors ? C’est un vice ou un problème de ne pas questionner les gens ?

- Euh…non j’imagine que non

- Donc en fait obéir à cette loi est toujours une vertu ?

- Oui il semblerait

- D’où vient cette loi au fait ?

- Je ne sais pas. J’imagine que c’est une généralisation à l’humanité du principe de souffrance.

- Donc en fait obéir à cette loi c’est obéir à soi et à l’humanité ?

- Oui

- Mais si on n’obéit pas à cette loi y a-t-il une sanction ?

- Non

- Pourquoi ?

- Si on n’y obéit pas on va faire souffrir autrui. Il est possible dans certaines limites de faire souffrir autrui sans être puni ni sanctionné

- Mais quelle est la motivation dans ce cas d’un individu qui obéirait à cette loi ?

- Ce serait que les autres non plus ne lui fassent pas de mal

- Mais alors c’est encore la peur de la sanction en quelque sorte qui le motive

- Euh…oui

- Et n’a-t-on pas dit que la peur de la sanction ne pouvait conduire à la vertu ?

- Oui c’est vrai…

- Donc même dans ce cas finalement l’obéissance n’est pas une vertu parce

- qu’elle est motivée par la peur.

- Oui tu as raison

- Mais alors qu’est-ce qui pourrait motiver quelqu’un à obéir si ce ne doit pas être la peur ?

- Ce pourrait être pour faire plaisir

- Par exemple ?

- Et bien par exemple l’enfant obéit à ses parents parce qu’il veut leur faire plaisir

- Dans quelle situation en général obéit-on à ses parents ?

- Quand par exemple les parents demandent à leurs enfants d’arrêter de jouer pour aller faire leurs devoirs

- Et en général les enfants obéissent à cela ?

- Non pas vraiment

- As-tu un cas où les enfants obéissent à leurs parents pour leur faire plaisir

- En fait non je ne crois pas

- Donc en fait nous n’avons trouvé aucun cas où l’obéissance serait une vertu

- Oui cela semble bien être le cas

- Et quand un soldat obéit à son supérieur est-il vertueux ?

- Non il est juste…obéissant. Il fait ce qu’on lui dit de faire sans réfléchir

- Penses-tuque pour obéir et être vertueux il faudrait obéir après avoir réfléchi ?

- Oui

- Mais la réflexion pourrait aussi bien conduire à la désobéissance si par exemple on trouve que l’ordre que l’on reçoit est contraire à la morale

- Oui tout à fait

- Mais quand on désobéit à un ordre obéit-on à un autre ordre ?

- Oui à l’ordre de notre conscience

- Et cet ordre de notre conscience est-ce une vertu d’y obéir ?

- Oui

- Pourquoi ?

- Parce que c’est une force : on se donne un objectif, une règle et on s’y plie même si cela nous coute sur le moment

- Mais en quoi est-ce une vertu ?

- C’est une forme de volonté, de droiture librement consentie, comme une servitude volontaire. Cela peut donner le sacrifice d’un parent pour ses enfants. Il obéit à l’amour pour ses enfants même si cela implique son propre malheur ou sa mort

- Ainsi le seul cas où l’obéissance serait une vertu serait quand nous obéissons à nos propres injonctions ?

- Oui c’est cela

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