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Profils existentiels - Le têtu



Au fil des années, à travers mes consultations et mes rencontres, j’ai observé un fascinant éventail de personnalités, chacune porteuse de ses aspirations, ses contradictions et ses quêtes singulières. Ces expériences m’ont amené à dessiner ce que j’appelle des profils existentiels : des portraits qui, bien qu’exagérés ou caricaturaux, cherchent à capturer l’essence de certains types d’attitudes face à la vie, au sens et au rapport à soi.

Ces profils ne prétendent pas à l’exactitude scientifique ; ils sont davantage des outils pour comprendre et explorer les façons dont les individus se débattent avec les grandes questions existentielles. Ils révèlent des manières de chercher — ou de fuir — des réponses. En tout, j’ai identifié une vingtaine de ces profils, chacun témoignant d’une manière particulière de se positionner face à l’existence.


Parmi les profils existentiels que j’ai rencontrés, le têtu est un personnage particulièrement énergique — mais cette énergie est souvent mal orientée. À première vue, il est intelligent, cultivé, et attentif à autrui, ce qui en fait un interlocuteur agréable. Mais dès que la discussion touche à ses opinions, un tout autre personnage émerge. Le débat devient alors une guerre de tranchées où il ne cédera rien, même face à des arguments solides ou des contradictions évidentes. Le têtu défend ses idées avec acharnement, non pour leur valeur intrinsèque, mais parce qu’elles deviennent le reflet de son honneur, de son image. Cet entêtement, bien qu’agaçant, est aussi une clé pour comprendre ses peurs, ses failles, et son rapport à lui-même.


Entre rigueur et rigidité

Le têtu, bien que parfois exaspérant, n’est pas un personnage dénué d’atouts. Sa capacité à tenir fermement à ses idées témoigne d’une ténacité et d’une persévérance qui peuvent être admirables dans certains contextes, comme le sport, la compétition, ou les projets de longue haleine. Mais dans le cadre d’un dialogue ou d’un débat, cette qualité devient une rigidité. Plutôt que d’explorer, il s’arc-boute. Plutôt que d’écouter, il se crispe. Cet entêtement révèle une faille fondamentale : il ne défend pas ses idées pour ce qu’elles sont, mais parce qu'il pense que ce sont les siennes.


La peur de perdre la face

Pour le têtu, changer d’avis, c’est perdre. C’est admettre que son raisonnement était incomplet, voire erroné, et cela touche directement à l'image de lui. Cette peur explique pourquoi il devient si émotif et défensif lorsqu’on critique ses idées. Il les protège comme un parent défend son enfant, refusant de voir leurs imperfections, de peur de ce que cela pourrait dire de lui-même.

Ce narcissisme intellectuel, où il s’émerveille de ses propres fulgurances, le piège dans un cycle d’auto-validation. Mais ses idées, souvent exprimées dans la précipitation et la chaleur de la conversation, manquent de profondeur ou de cohérence. Lorsqu’elles sont mises en cause, il préfère ignorer les objections plutôt que de les affronter, ce qui renforce la perception d’un interlocuteur rigide et, parfois, de mauvaise foi.


Une énergie mal orientée

Ce qui est frustrant chez le têtu, c’est qu’il dispose d’une force impressionnante : sa ténacité, son acharnement, sa capacité à ne rien lâcher. Mais cette énergie est souvent gaspillée dans des combats de coqs stériles, où il s’aveugle sur des idées qu’il pourrait enrichir s’il acceptait de les confronter à celles des autres. Ce paradoxe est frappant : en s’accrochant, il croit préserver son image, mais finit par apparaître comme obstiné et fermé, l’exact contraire de ce qu’il souhaite projeter.


L’humour : une clé pour le déverrouiller

Cependant, tout n’est pas perdu. Une des façons les plus efficaces de désarmer le têtu, sans pour autant le heurter, est l’humour. En exagérant gentiment ses idées ou en imaginant avec ironie leurs conséquences, on peut l’amener à prendre du recul. L’humour, en détendant l’atmosphère, lui permet de sauver la face tout en ouvrant une brèche dans sa rigidité.


Une ouverture vers la pratique philosophique

Le têtu est un profil qui illustre bien les dangers de la rigidité intellectuelle, mais aussi les opportunités qui s’y cachent. Sa ténacité, s’il la mettait au service de l’écoute et de la réflexion collective, pourrait en faire un défenseur redoutable des idées les plus innovantes ou sous-estimées. Mais pour cela, il doit apprendre à lâcher-prise, à accepter que changer d’avis ou reconnaître une erreur n’est pas une faiblesse, mais une preuve de maturité intellectuelle.

C’est là que la pratique philosophique peut intervenir. Dans une consultation philosophique, le têtu aurait l’opportunité de confronter ses idées dans un espace bienveillant mais exigeant, où ses opinions seraient passées au tamis de la raison sans que cela devienne une attaque personnelle. Ce travail l’aiderait à développer la souplesse intellectuelle et comportementale nécessaire pour élargir ses réflexions, tout en lui permettant de comprendre que son entêtement cache souvent des craintes ou des enjeux d’image.


Et vous ? Si vous vous reconnaissez dans ce portrait ou si vous connaissez un têtu dans votre entourage, pourquoi ne pas explorer cette voie ? La pratique philosophique ne cherche pas à détruire les idées, mais à les affiner, les déconstruire, les approfondir, et à révéler ce qu’elles disent de nous. Un exercice de souplesse intellectuelle qui, comme tout entraînement, ne peut que nous rendre plus forts.

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