Une bonne réponse est à une mauvaise réponse ce qu'une bonne note est à une fausse note. La mauvaise réponse sonne faux : soit qu'elle réponde formellement mais qu'elle sente la mauvaise foi ou la réponse convenue, attendue, celle qui est là uniquement pour faire plaisir au questionneur, soit qu'elle soit carrément fausse, creuse, contradictoire, indifférenciée ou faussement évidente.
Pour qu'il y ait bonne ou mauvaise réponse il faut qu'il y ait une bonne question puisque d'une mauvaise question on ne peut rien tirer, ni de bon ni de mauvais car on ne peut juger de la pertinence de la réponse que si la question est elle-même pertinente.
Qu'est-ce alors qu'une "bonne" question ? Dans un paradigme réflexif ou philosophique, c'est une question qui pose un problème au répondant. Si la question ne pose pas problème c'est que la réponse vient dissoudre la question : c'est une question qui demande une information pratique ou qui a pour but de vérifier des connaissances. C'est donc une question où l'une des deux parties seulement a un intérêt à la réponse : cela du sens dans un paradigme utilitaire mais stérile pour créer un dialogue.
Au contraire une bonne question est une question “grosse de sens” dans le sens où elle enseigne potentiellement non seulement au questionneur mais aussi au répondant. Ce dernier doit faire un effort, surmonter une difficulté, réfléchir, prendre une décision, s'engager, poser une hypothèse afin de la tester. Une bonne réponse est une réponse qui s'insère de façon harmonieuse dans un dialogue qui constitue la symphonie du système "question-réponse" faite de tensions et de relâchements, d’accélérations et de ralentissements, d’intrigues et de dénouement.
D'une certaine manière demander ce que constitue une bonne ou mauvaise réponse sépare artificiellement la réponse de la question alors que les deux marchent main dans la main, font système. Un dialogue, comme une symphonie, se joue dans une certaine tonalité qui est donnée par chaque question. Questionner est un art, autant que répondre. Seul celui qui sait bien questionner sait aussi bien répondre : il se réservera d’ailleurs le droit de ne pas répondre lorsque la question lui semblera “fausse”.
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