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Une image vaut-elle mieux que mille mots ?




Une image n'est pas un concept, elle n'est qu'une représentation subjective d'un concept et souvent de plusieurs concepts mélangés. Au concept de "pont" me vient dans l'esprit l'image de ce pont particulier que j'ai vu dernièrement au cours d'une balade en vacances ou celle de ce pont vu en photo ou bien du pont Alexandre III. Mais aucune image concrète ne capturera la généralité de ce qui constitue un pont, du "schème" (Kant) du pont ou de l'Idée (Platon) du pont. D’ailleurs si je vous dis le mot “pont” il est fort probable que l’image qui vous vient à l’esprit est très différente de la mienne.


Dans l'image je mets aussi de l'affectivité, puisque c'est ce pont sur lequel je me suis trouvé avec ma femme dont je me souviens, ce pont a une tonalité affective, qu'elle soit positive ou négative, l'image de ce pont n'arrive pas découpée sur un fond noir mais est décollée d'un arrière plan affectif. Au total, l'image est à la fois plus et moins que le concept. Plus parce qu'elle nous parle plus, elle nous touche plus et peut par conséquent mieux nous pousser à l'action par exemple, alors qu’il est difficile de se mobiliser pour un concept, à moins d’être philosophe.

Peu importe l'image que chacun se fait d'un pont, il s'agit de courir dessus pour passer la rivière. 

L'image est moins que le concept parce qu'elle ne nous permet pas d'expliquer à autrui ce que pourrait être "n'importe quel pont" et comment le reconnaître en tant que pont et pas en tant que "route" ou "arche". La ressemblance entre elles des images peut me faire prendre “des vessies pour des lanternes” tandis ce que le concept m'oblige à confronter une définition générale avec la particularité singulière de ce que je vois et à juger si ce que je vois est bien un pont, c'est-à-dire dire si (en général pour les objets) il remplit bien principalement la fonction pour laquelle il fut construit. Cela m’oblige à faire appel à mon expérience concrète du monde pour juger de l’adéquation entre le concept et l’objet donc à faire appel à mon entendement ou ma raison.


Pour penser un concept vaut mieux que mille images.


C'est également le message de Descartes avec sa célèbre métaphore du morceau de cire : entre son état solide et son état liquide, ce morceau de cire chauffé présente tellement d'aspects différents que mon imagination ne suffit pas à voir toutes les formes possibles qu'il prend ou pourrait prendre. Pourtant je le reconnais bien comme de la cire pendant tout le processus de metamorphose. Ce qui est permanent c'est le concept de cire que mon entendement forge et qui se réduit à une quantité de matière occupant un certain espace (chez Decartes le vide n'existait pas). C'est mon entendement qui me perment de penser l'unité à travers la multiplicité des images.

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