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Les consolations de l'existence : 17 - Le pouvoir - Le parfum (Süskind)

  • Photo du rédacteur: Jérôme Lecoq
    Jérôme Lecoq
  • il y a 11 minutes
  • 2 min de lecture


L’être humain souffre. De ses limites, de sa finitude, de la distance entre son être et ses aspirations, de la fracture de son être, éclaté entre diverses aspirations ou pulsions, de la tension entre son individualité et son entourage. Pour compenser, pour traiter sa douleur à défaut de la guérir, nous nous inventons des consolations, diverses manières d’exister qui nous permettent de survivre existentiellement. Certes, on peut aussi nommer cela « projet de vie » ou « manière d’être ». Nous le nommons consolation. Et nous relisons divers auteurs dans cette perspective, afin de comprendre comment chacun de nous se console, chacun à sa façon.


Le parfum, un roman de Patrick Süskind, raconte l'histoire de Grenouille. Né illégitime, sa mère le jette dans une poubelle. Plus tard, il la dénonce, elle est exécutée. Les infirmières l'abandonnent : il mange trop et n'a pas l’odeur normale d’un bébé. Enfant abandonné, il travaille dur pour survivre.

Il découvre alors l'odeur. Pour lui, l'apparence physique est un concept stupide, l'odeur est l'essence d'une personne, qui s'évapore après la mort. Il commence à travailler comme parfumeur, il distille génialement des essences comme « corps humain » ou « amour ». Au bout d'un moment, sursaturé par les odeurs humaines, il se retire sur une montagne, où il a une révélation : devenir puissant, Grenouille le Grand. En même temps, il découvre comme un choc qu'il n'a aucune odeur : il n'existe pas vraiment.

Il tue 24 filles vierges et collecte leurs odeurs corporelles afin de distiller leur essence. Bien qu'il cherche l'odeur absolue. Une beauté rousse lui fournit cette acmé. Il est attrapé et condamné pour meurtre. Mais en utilisant sur lui-même ce parfum absolu juste avant son exécution, tout le monde tombe follement amoureux de lui, provoquant une orgie complète dans la ville. Il fuit, dégoûté des êtres humains, et surtout de lui-même. "Il possédait le pouvoir ... un pouvoir plus fort que le pouvoir de l'argent ou le pouvoir de la terreur ou celui de la mort : le pouvoir invincible de commander l'amour des hommes". Mais découvrant qu'il ne peut ni s’aimer lui-même ni personne, il déprime. Alors il décide de se suicider. Dans un cimetière où traînent des criminels, il verse le parfum sur lui-même, ils le déchirent et le dévorent tous. "Pour la première fois, ils avaient fait quelque chose par amour".

Grenouille manquait de tout dans sa vie : d’odeur, d’amour, de quoi vivre matériellement, de la moindre affection humaine. Il est rejeté alors que c’est un génie. Il n'a pas d'odeur, donc pas d'essence, pas d'âme. Privé d'amour et d'admiration, il est en colère et veut se venger. Il convoite le pouvoir, il découvre l'essence absolue, le pouvoir ultime sur les êtres humains. Mais il se dégoûte de lui-même et de l'humanité. Les gens aiment son odeur, pas lui. L'essence absolue n'est pas "son" essence. Sans odeur, sans essence, il n'existe pas. Il ne peut pas être consolé. Le pouvoir est toujours impuissant.

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