La confusion est ce phénomène où les autres ne comprennent pas l’individu mais lui a l'impression d'être clair "pour lui-même", il est confortable avec le sentiment de ce qu'il "veut dire" et il ne se soucie pas vraiment du fait que son vouloir corresponde à l'objectivité de ce qu'il dit. C'est sa propre subjectivité qui fait autorité et c'est votre problème si vous ne le comprenez pas, pas le sien.
Son système fonctionne bien, pour lui, et il se satisfait de l'indétermination chez autrui. L'indétermination, source de la confusion, est pour lui une forme de liberté : il la revendique, il pense qu'elle le rend puissant, alors il la valorise également chez les autres. "Les esprits confus se rencontrent".
Lui demander de déterminer sa pensée, c'est à dire d'abord de la synthétiser pour la rendre compréhensible, puis de la clarifier en distinguant les concepts les uns des autres, est un abus de pouvoir de son point de vue, alors qu’il s’agit d’une exigence minimale du sens commun. Déterminer, pour lui, c'est enfermer, restreindre, contraindre sa pensée "libre", "associative", "divergente", "complexe", "arborescente". Déterminer c'est tuer sa "créativité", gommer ses "nuances", c'est se soumettre à une autorité qu'il ne reconnaît pas : la raison.
La raison froide et pauvre, linéaire et conceptuelle peut-être mais seule condition d’un dialogue commun. Celui qui cultive la confusion, par complaisance ou stratégie, ne vise ni le dialogue, ni la compréhension, ni la vérité, mais le pouvoir qu'apporte la division (car chacun cherche dans son coin le sens de ses paroles) ou le confort douillet d'une bonne conscience paresseuse et pleine d'elle-même.
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