Nous sommes nombreux à croire des choses étranges, que la science n'a jamais prouvées : que notre caractère et les événements qui surviennent dans notre vie dépendent de la position des planètes à notre naissance, que Jésus a marché sur l'eau et transformé l'eau en vin, que lorsqu'on fait une bonne action elle nous reviendra sous forme de bienfait et vice versa, que l'amour est plus fort que la mort…L'étrange exerce sur nous une espèce de fascination : il a un pied dans le réel et un autre dans l'imaginaire
Considérons un phénomène très étrange : l'amour. Nous avons tous lu, entendu ou même vu ces femmes qui, malgré le fait qu'elles soient maltraitées, battues ou méprisées, continuent à aimer et soutenir leur amant contre vents et marées. Quel étrange sentiment que celui qui les pousse à nier l'évidence et à se mettre en danger physiquement pour une personne qui objectivement mériterait une bonne punition ? Quelle puissante force que cette chose impalpable, non mesurable, improuvable qui pousse les être humains à nier jusqu'à leur propre dignité ?
Et nous avons pourtant la plupart du temps raison de croire en l'amour puisqu'il nous transforme pour notre bien, nous fait faire des choses que nous n’oserions pas faire en temps normal, nous rend heureux, lorsqu'il ne nous plonge pas dans les excès cités plus haut.
N'est-ce pas encore plus étrange que l'amour puisse être partagé ? Non seulement que nous puissions trouver en l’aimé·e toutes les qualités du monde mais qu'en plus l'autre fasse de même pour nous ? Je sais bien que l'on dit justement qu"il n'y a pas d'amour, il n'y a que des preuves d'amour”. Mais avant d'avoir d'éventuelles preuves d'amour il faut bien se lancer et aimer : que serait un amour qui attendrait des preuves avant de se déclarer ? Un amour de banquier, d'investisseur.
Pour certaines personnes assez rigides et fermées, tout ce qui sort de leur paradigme habituel, de leur schéma de vie, est étrange. En attendant des preuves pour croire à tout ce qu'elles trouvent étrange, elles font preuve d’un scepticisme exagéré qui les conduit à rejeter la nouveauté et être rejetées en retour. Ainsi, si on veut être exigeant et ne pas croire sans preuve ce qui nous parait étrange, encore faut-il avoir vu beaucoup de choses, fait beaucoup d'expériences et voyagé dans des contrées étranges, afin d'être ouvert à la différence et “donner sa chance” à l’étrange, suspendre momentanément son jugement pour accueillir l’étrange avant d’exercer son jugement en demandant la preuve.
Saint-Exupery disait "rien de ce qui est humain ne m'est étranger" signifiant par là que nous devons avoir une familiarité "native" avec les phénomènes humains, même les plus étranges, parce qu'ils font nécessairement écho à notre propre étrangeté qui a cessé de l'être pour nous.
Et si le terme philosophe praticien vous paraît étrange, essayez une consultation.
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